De quoi s’occupe l’automatique (Pierre Bernhard, 2009)
“L’automatique ne s’occupe ni d’électronique, ni de mécanique, ni de génie des procédés, ni, pour citer des champs d’application plus récents, de finance, d’épidémiologie, d’écologie du comportement ou d’halieutique. D’ailleurs comment être un bon automaticien s’il fallait, pour cela, maîtriser toutes ces disciplines, toutes plus nobles les unes que les autres ?
L’automatique s’occupe de :
- faire des modèles dans chacun de ces domaines applicatifs. Mais non des modèles de connaissance, ce qui est le métier des physiciens et naturalistes, mais des modèles d’action, i.e. suffisants pour répondre à une question pratique. L’art de ne pas prendre en compte des phénomènes peut-être secondaires — sous réserve d’inventaire — est une partie intégrante de notre métier, et fort difficile.
- introduire dans ces modèles les signaux qui arrivent au système considéré et qui en sortent, pour leur contenu informatif.
- examiner les propriétés mathématiques de ces modèles et en déduire les calculs à faire pour obtenir des nombres, qui sont représentatifs de grandeurs physiques dans les modèles.
- trouver comment valider la démarche globale… et la remettre en cause de manière éclairée si nécessaire.
En conclusion, l’automatique ne s’occupe pas tant des objets physiques que des propriétés mathématiques de leurs modèles. Dans cette perspective, les “signaux” ont valeur d’information. En outre, on le sait, science appliquée, l’automatique est particulièrement dépendante, dans tous ses domaines d’applications, des moyens de calcul disponibles.”